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Le modèle coop dans les infrastructures de loisir municipal

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Avez-vous déjà observé le modèle coop dans les infrastructures de loisir municipal ? Or, pour répondre au besoin de la population et être accueillantes, les municipalités cherchent toujours à garantir l’accès à une gamme de services en culture et en loisirs. En ce sens, le modèle coopératif peut être un levier dans le développement de certaines de ces infrastructures. Voyons voir comment et les avantages qui en découlent.

Atomes crochus entre coopératives et municipalités

Tout d’abord, une coopérative est une personne morale regroupant des personnes ou des sociétés qui ont des besoins économiques, sociaux ou culturels communs, et qui, en vue de les satisfaire, s’associent pour exploiter une entreprise. Ensuite, lorsqu’on analyse le modèle d’affaires, on remarque qu’à bien des égards, cette forme d’entreprise s’apparente à un organisme municipal. Dans les deux cas, il s’agit de gens qui versent une cotisation (en parts ou en taxes) pour se payer collectivement un service commun. 

Bien souvent, les membres d’une coopérative sont les citoyennes et citoyens d’une municipalité ou d’une MRC. Ce qui explique cet état de fait est que la plupart du temps, le modèle coopératif trouve sa pertinence dans un espace de proximité géographique.
Patrice Blais Directeur régional CDRQ Gaspésie-Les-Îles
Patrice Blais
Directeur régional

De plus, l’idée centrale du modèle coop est de servir au mieux ses membres. Quant à elle, la municipalité exerce des responsabilités en matière de loisir public notamment l’accès aux équipements de loisir municipaux. Or, plusieurs de ces équipements ne sont pas gratuits pour leurs usagers (piscines, centres de ski, arénas, etc.), ce qui signifie que la propriété et les opérations de ces équipements pourraient en théorie revenir à une coopérative.

Envisager le potentiel coop du loisir municipal

D’abord, une municipalité qui envisage l’avenue coop aurait intérêt à effectuer un sondage populationnel permettant de mesurer deux indicateurs indispensables :

  • Le niveau d’utilisation potentiel de la future infrastructure par la population
  • Le niveau d’engagement financier possible des utilisateurs éventuels

Ainsi, si on veut analyser le potentiel coop d’une infrastructure de loisir, on doit absolument commencer par se poser la question suivante : « Les utilisateurs de l’infrastructure de loisir devront-ils payer pour y avoir accès ? » Dans l’affirmative, il est implicite que le modèle coopératif offre un certain potentiel, surtout la coop de solidarité. En effet, une coopérative de solidarité a des caractéristiques bien particulières. Elle regroupe au moins deux catégories de membres parmi les suivantes :

  • membres utilisateurs : des personnes ou sociétés qui utilisent les services offerts par la coopérative en tant que producteurs ou consommateurs
  • membres travailleurs : des personnes physiques œuvrant au sein de la coopérative
  • membres de soutien : toute autre personne ou société qui a un intérêt économique, social ou culturel dans l’atteinte de l’objet de la coopérative

Plusieurs avantages sont donc possible grâce à ce type de coopérative. Parmi ceux-ci notons que l’organisme municipal pourrait notamment continuer de soutenir la coopérative à titre de membre de soutien.

Le modèle coopératif comme levier opérationnel et ses avantages

En somme, un organisme municipal (MRC ou municipalité) peut planifier le développement de certaines de ses infrastructures de loisir en se servant du modèle coopératif comme levier opérationnel. En effet, une coopérative pourrait d’abord être mise en place pour la gestion des opérations courantes et assurer le service à la clientèle. Puis, elle pourrait, dans une seconde étape, se porter acquéreuse de l’infrastructure. Le modèle coopératif offre notamment les avantages suivants pour les loisirs municipaux :

  • Gestion partagée
  • Formule démocratique
  • Lien d’usage avec les membres
  • Diversité des activités offertes
  • Disponibilité de programmes de financement

Bref, les organismes en loisirs ont tout à gagner de cette gestion participative. De plus, le modèle d’affaires permettrait notamment :

  • Établir des partenariats visant le maintien ou le développement de l’accessibilité à des services ou infrastructures de loisir
  • Assurer la continuité du soutien financier municipal à moindre coût comme membre de soutien
  • Avoir accès à des programmes de financement parmi les plus avantageux sur le marché, notamment à ceux rattachés à la reprise collective d’entreprises
  • Assurer une meilleure fidélisation et un engagement plus ferme des usagers qui adhéreraient à la coopérative à titre de membres utilisateurs
  • Appliquer plus adéquatement le principe utilisateur-payeur propre au modèle coopératif
  • Favoriser la pérennisation accrue du projet par la concertation locale en plus de l’appui municipal

Bref, le modèle coopératif offre un espace d’implication. Ainsi, la population peut non seulement profiter de ce que la municipalité propose mais également, faire partie de la solution. Par conséquent, cette implication devient une belle preuve que la municipalité investira dans une infrastructure de loisirs utile, voulue et animée par les citoyennes et citoyens. En ce sens, les coopératives en loisirs sont de plus en plus nombreuses au Québec. Découvrez-en quelques-unes au Bas-Saint-Laurent dans cet article.

Cet article est tiré de Patrice Blais, « Le modèle coopératif comme voie d’investissement dans les infrastructures de loisir » Observatoire québécois du loisir 16 (8), 2019.