Quand une organisation perd son financement principal sans plan de rechange, ou qu’une coopérative voit partir deux personnes clés sans relève identifiée, c’est souvent l’ensemble du projet collectif qui vacille. Pourtant, ces situations critiques pourraient devenir des leviers de renforcement… à condition d’avoir anticipé les risques.
Dans un contexte où les entreprises collectives doivent composer avec des ressources limitées, une gouvernance partagée et des enjeux multiples — sociaux, économiques, environnementaux — la gestion des risques n’est pas un luxe. C’est un outil de résilience, un vecteur de mobilisation et un pilier de durabilité.
Pourquoi la gestion des risques est-elle cruciale pour les entreprises collectives ?
Coopératives et OBNL : vous évoluez dans un écosystème mouvant. Les règles changent, les subventions fluctuent, les besoins des communautés se transforment. Sans stratégie de gestion des risques, un seul imprévu peut compromettre des années d’engagement.
Une démarche proactive permet de :
- Anticiper plutôt que subir, en identifiant les vulnérabilités avant qu’elles ne deviennent des crises ;
- Mobiliser les parties prenantes, en les impliquant dans une vision partagée de la continuité ;
- Renforcer la gouvernance démocratique, en clarifiant les rôles et en facilitant la prise de décision en période d’incertitude.
Les spécificités du risque en contexte collectif
Les entreprises d’économie sociale présentent des caractéristiques uniques qui rendent la gestion des risques à la fois plus complexe… et plus stratégique :
- Gouvernance partagée : les décisions collectives prennent du temps, mais favorisent l’adhésion.
- Ressources limitées : le temps, l’argent et l’expertise sont souvent répartis sur plusieurs fronts.
- Engagement bénévole : les responsabilités sont parfois floues, concentrées sur quelques personnes clés.
- Multiplicité des missions : économique, sociale, environnementale — les objectifs sont imbriqués.
Ces réalités appellent une approche inclusive, souple et évolutive, qui respecte la diversité des personnes impliquées.
1. Identifier les risques : une étape fondatrice
Nommer les risques, c’est déjà commencer à les maîtriser. Voici les principales catégories à explorer :
- Stratégiques : perte de vision, dépendance à un seul projet, désalignement avec la mission.
- Opérationnels : procédures inadéquates, erreurs dans la gestion des activités.
- Financiers : absence de fonds de réserve, dépendance à un bailleur unique.
- Technologiques : pannes, cybersécurité, outils obsolètes.
- Humains : roulement élevé, surcharge, perte de savoirs.
- Réputationnels : mauvaise communication, gestion de crise déficiente, perte de confiance.
2. Instaurer une culture collective de gestion des risques
La gestion des risques ne doit pas être l’affaire de quelques expert·es. Elle doit s’ancrer dans la culture même de l’organisation.
Quelques leviers :
- Sensibiliser tous les membres (direction, équipe, CA) à leur rôle dans la prévention.
- Intégrer les risques aux moments clés : planification stratégique, évaluation annuelle, réunions du CA.
- Favoriser l’apprentissage continu : formations sur la prise de décision, la cybersécurité, la gestion de crise.
- Encourager la transparence : parler ouvertement des incidents passés pour en tirer des leçons collectives.
3. Des outils simples, concrets et adaptés
Même avec peu de moyens, il est possible d’agir efficacement. Voici quelques pratiques inspirantes :
- Cartographie participative des risques : en atelier, identifier, évaluer et prioriser les risques.
- Plan de continuité des activités (PCA) : un document clé pour faire face à une crise (panne, maladie, sinistre).
- Audit interne collaboratif : un regard croisé sur vos pratiques, impliquant plusieurs membres.
- Simulations et scénarios : jeux de rôle, études de cas pour entraîner les équipes à réagir avec calme et cohérence.
💡 Commencez petit : choisissez un risque prioritaire et élaborez un plan d’action réaliste avec votre équipe.
4. Se faire accompagner : un choix stratégique
Vous n’avez pas à tout faire seul·e. La CDRQ propose un accompagnement sur mesure pour les entreprises collectives :
Notre approche est humaine, pragmatique et ancrée dans les valeurs de l’économie sociale.
Conclusion : Gouverner ensemble, avec lucidité et confiance
La gestion des risques n’est pas une démarche technocratique. C’est une pratique vivante de gouvernance, qui renforce les liens, développe la capacité d’agir de chacun·e et protège ce qui vous unit : votre mission collective.
Et si vous faisiez de la gestion des risques un outil de cohésion et d’action collective, dès aujourd’hui ?
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